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Itinéraires de l'exil
Les lieux de la sociabilité de Daniele Manin à Paris (1849-1857)

Titre : Les lieux de la sociabilité de Daniele Manin à Paris (1849-1857)
Source : BROVELLI, Ivan, Daniele Manin et l’image de la révolution de Venise en France et en Italie (1848-1880), thèse de doctorat (EPHE), sous la direction de Gilles Pécout, soutenue le 16 mars 2019
Auteur de la notice : Ivan Brovelli
Auteur de la carte : Ivan Brovelli
Date de publication de la notice : 20 mai 2019
Suite à la défaite de la résistance vénitienne lors du siège de la ville par les Autrichiens le 24 août 1849, Daniele Manin (1804-1857) est contraint à l’exil. Ayant toujours cru dans la nécessité d’une intervention politique et militaire de la France dans la réalisation de l’unité italienne, il décide de s’installer définitivement à Paris où il parvient à tisser un réseau de soutiens français qui s’avère fort utile pour la diffusion de ses idées. Mais sa vie d’exilé est avant tout marquée par le décès de son épouse Teresa à Marseille en octobre 1849, alors qu’ils venaient à peine de débarquer en France.
À Paris, Manin doit d’abord subvenir aux besoins de sa famille, les études de Giorgio et les soins à apporter à Emilia, qui souffre d’épilepsie. Il donne pour cela des cours particuliers d’italien qui lui permettent également de se constituer un solide réseau de soutiens intellectuels et politiques. En 1854 Emilia meurt à son tour : pour Manin l’exil est avant tout l’épreuve du deuil. Sa stratégie politique parisienne, entamée publiquement en 1854 et complétée par celle de Giorgio Pallavicino à Turin, débouche sur la création de la Società nazionale en 1857. Le but est de rallier tous les patriotes, et donc aussi les républicains, autour de la monarchie de Piémont-Sardaigne pour réaliser l’unité italienne. Mort à Paris en 1857, Manin a bénéficié d’une remarquable notoriété, grâce aux républicains français qui ont vu en lui une figure du « bon républicain » utile à leur cause.
Le Paris de Daniele Manin, exilé politique vénitien, est contenu entre la Chaussée d’Antin, les Faubourgs Montmartre et Poissonnière, et Montmartre. Plus largement, un triangle dont la base serait constituée par les deux habitations successives de Manin et la pointe par la Sorbonne où il assiste en 1850 à un cours de Jules Simon : un espace géographique couvrant le centre-Nord de la capitale et qui abrite les sièges des principaux journaux libéraux et les ateliers photographiques.
Ainsi trois types de lieux méritent notre attention : les habitations des amis les plus fidèles de Manin, les principaux médias, journaux et photographes que nous venons d’évoquer et les lieux administratifs et politiques. Les époux Planat de la Faye sont les amis les plus proches, outre le réconfort apporté à Emilia, ils sont, avec d’autres, les garants de la mémoire du Vénitien après sa mort. Chez le peintre Ary Scheffer, qui habitait rue Chaptal, tout près de rue Blanche, Manin rencontre l’historien Henri Martin, les poètes Pierre-Jean Béranger et Ernest Legouvé. Scheffer peint un portrait de Manin qu’il présente au Palais des Beaux-Arts lors de l’exposition universelle de 1855. Ami très proche, il offre son caveau familial au cimetière Montmartre pour héberger la dépouille d’Emilia, puis celle du même Manin. Enfin, la « maison rose » de Marie d’Agoult, est aussi un lieu privilégié de sa sociabilité.
Manin évolue dans le cœur de la vie médiatique et intellectuelle du Paris du Second Empire : les colonnes du Siècle et des Débats lui sont ouvertes et il se fait photographier dans des ateliers photographiques reconnus. Il entretient enfin de bonnes relations avec les autorités françaises notamment avec le préfet de police Pierre-Marie Pieetri. Cela lui permet, par exemple, de libérer le 30 mai 1857 le Vénitien Giuseppe Sirtori, ancien défenseur de Venise enfermé à Bicêtre à cause d’une machination. D’ailleurs, tout au long de son exil, Manin s’est toujours porté garant de ses compatriotes vénitiens auprès des autorités.
– BROVELLI, Ivan, « La figure de Daniele Manin. Une stratégie de l’exil dans le cadre de la fraternité franco-italienne (1849-1880) », in BRICE, Catherine, APRILE, Sylvie, (dir.), Exil et fraternité en Europe au XIXe siècle, Pompignac, Editions Bieère, 2013, pp. 75-94
– FRUCI, Gian-Luca, « “Un contemporain célèbre”. Ritratti e immagini di Manin in Francia fra rivoluzione ed esilio », in GOTTARDI, Michele, (dir.), Fuori d’Italia : Manin e l’esilio. Atti del convegno nel 150° anniversario della morte di Daniele Manin 1857-2007, Venise, Ateneo Veneto, 2009, pp. 129-155.
– LEPSCKY-MUELLER, Maria-Laura, La famiglia di Daniele Manin, Venise, Istituto di scienze, lettere ed arti, 2005, 386 p.