Cartothèque
Itinéraires de l'exil
Les chemins de l’expulsion au XIXe siècle, département du Bas-Rhin
À l’expiration de leur incarcération, les détenus étrangers à qui avait été notifiée l’expulsion étaient recueillis par les voitures cellulaires de l’administration pénitentiaire ou par les forces de gendarmerie qui les accompagnaient jusqu’aux villes-frontières. Certains détenus obtenaient l’autorisation de repartir libres à condition qu’ils justifient d’une conduite exemplaire au cours de leur emprisonnement et de ressources financières suffisantes leur permettant de subvenir aux frais de retour. Il leur était cependant assigné un itinéraire de route qu’ils devaient suivre scrupuleusement. Aux expulsables qui ne possédaient aucun titre de voyage ou de séjour étaient délivrés un passeport gratuit ou un sauf-conduit jusqu’à la destination désignée.
En règle générale, le préfet enjoignait aux expulsés de « retourner dans leurs foyers ». Il n’accordait qu’exceptionnellement aux condamnés libérés étrangers le droit de rejoindre une autre destination, dès lors qu’ils justifiaient d’être déserteurs ou menacés pour motifs politiques dans leur État d’origine. Les recours contre l’expulsion formulés par les étrangers lors de leur incarcération étaient parfois appuyés par un tiers (un proche, le directeur de prison, l’employeur ou encore un représentant religieux). Si l’annulation de l’expulsion était rarement prononcée, il arrivait que l’étranger expulsé obtienne un sursis de courte durée pour « régler ses affaires » avant de quitter le territoire français. La récidive à l’expulsion était monnaie courante. Même si l’entrée en France était interdite, et malgré le risque qu’ils encouraient d’une peine allant de trois mois à deux ans d’emprisonnement introduite par la loi du 3 décembre 1849, les étrangers expulsés étaient nombreux à « rompre le ban », autrement dit à revenir en France où résidait leur famille, ou pour y chercher du travail.Paul-André Rosental, « Migrations, souveraineté, droits sociaux. Protéger et expulser les étrangers en Europe du XIXe siècle à nos jours », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n°2, 2011, p. 335-573.
Lou Schmitt, « La maison centrale d’Haguenau », Criminocorpus, https://criminocorpus.hypotheses.org/7366">https://criminocorpus.hypotheses.org/7366