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Cartothèque
Itinéraires de l'exil
La mobilité de Daniele Manin en exil (1818-1868)
Titre : La mobilité de Daniele Manin en exil (1818-1868)
Source : BROVELLI Ivan, Daniele Manin et l’image de la révolution de Venise en France et en Italie (1848-1880), thèse de doctorat (EPHE), sous la direction de Gilles Pécout, soutenue le 16 mars 2019
Auteur de la notice : Ivan Brovelli
Auteur de la carte : Ivan Brovelli
Date de publication de la notice : 20 mai 2019
Né en 1804 à Venise, l’avocat Daniele Manin prend part, avec Nicolò Tommaseo et Gianfrancesco Avesani, à la lutte légale contre l’Autriche à partir de 1847 à Venise. Arrêté par la police avec Tommaseo en janvier 1848, il est ensuite emprisonné. Les deux hommes sont libérés le 17 mars. Il prend ensuite la tête du mouvement insurrectionnel et proclame la République de Venise le 22 mars 1848. Son gouvernement poursuit un double objectif : la lutte pour l’indépendance italienne en menant la guerre contre l’armée autrichienne en Vénétie et l’introduction d’une série de réformes démocratiques comme le suffrage universel, la liberté de presse ou la liberté religieuse. Suite à la défaite de la résistance vénitienne lors du siège de la ville par les Autrichiens le 24 août 1849, Manin est contraint à l’exil.
Ayant toujours cru dans la nécessité d’une intervention politique et militaire de la France dans la réalisation de l’unité italienne, il décide de s’installer définitivement à Paris où il parvient à tisser un réseau de soutiens français qui s’avère fort utile pour la diffusion de ses idées. Sa stratégie parisienne, complétée par celle de Giorgio Pallavicino à Turin, débouche sur la création de la Società nazionale en 1857, dont le but est de rallier tous les patriotes, et donc aussi les républicains, autour de la monarchie de Piémont-Sardaigne pour réaliser l’unité italienne. Mort à Paris en 1857, Manin s’éteint sans voir le résultat de son action politique.
Contrairement à de nombreux exilés politiques italiens du XIXe siècle, la mobilité de Daniele Manin est plutôt limitée. Il est possible d’identifier sur la carte trois types de mobilités : les mobilités choisies, les mobilités contraintes et une mobilité post mortem, celle du retour du corps de Manin à Venise.
Les mobilités volontaires se situent principalement avant les événements de 1848. Nous retrouvons Manin à Padoue pour ses études de droit entre 1818 et 1821, tandis que son séjour à Florence (1829) est lié à son activité d’éditeur. Il se rend en tant qu’avocat à Milan, notamment en 1843, pour les transactions autour du tracé du chemin de fer Milan-Venise. Il y retourne l’année suivante pour un séjour familial. Plusieurs lettres envoyées par Manin à sa famille attestent enfin de sa présence à Bologne en 1847.
Exceptionnellement, Manin quitte Paris pour un séjour à Londres du 20 juin au 10 juillet 1854 en compagnie de son fils Giorgio. Il s’agissait de rencontrer les principaux représentants de l’aile libérale et philo-italienne, pour préparer son retour sur la scène politique.
Les mobilités contraintes relèvent, quant à elles, de l’exil politique suite à l’échec de la résistance de Venise face à l’Autriche en août 1849. Les autorités autrichiennes expulsent de la ville quarante personnalités ayant participé activement à la révolution et à la défense de Venise. Manin choisit de s’établir à Paris et quitte Venise avec sa famille le 28 août 1849. Après une étape à Corfou où ils séjournent du 13 au 22 septembre 1849 ils font ensuite escale à Malte. À peine débarquée à Marseille, l’épouse de Manin meurt du choléra le 10 octobre 1849.
La carte retrace enfin la translation de la dépouille de Manin en 1868, de Paris à Venise. Elle marque, par-delà la mort, la fin de l’exil du Vénitien. Les célébrations dans les villes du parcours et à Venise sont aussi l’occasion d’une translation mémorielle de la part des amis français de Manin, dépositaires de la mémoire de l’exil.
GINSBORG, Paul, Daniele Manin e la rivoluzione veneziana del 1848-1849, (1978), Turin, Einaudi, 2007, XXXIV-458 p.
CECCHINATO, Eva, La rivoluzione restaurata. Il 1848-1849 a Venezia fra memoria e oblio, Padoue, Il Poligrafo, 2003, 601 p.
LEPSCKY-MUELLER, Maria-Laura, La famiglia di Daniele Manin, Venise, Istituto di scienze, lettere ed arti, 2005, 386 p.