Né en 1802, Angelo Frignani est originaire de Ravenne, dans les États pontificaux. Dans les années 1820, il étudie le droit à l’Université de Bologne où il s’imprègne des idées libérales. Arrêté et incarcéré en 1825 par la police pontificale pour ses sympathies avec le carbonarisme, il feint la folie pour échapper à une condamnation imminente et est admis à l’asile de Faenza. Durant sa convalescence, et dans l’attente de son procès, Angelo Frignani s’enfuit et part en exil en France en 1829. Deux ans après, il entame la rédaction d’une fiction à caractère autobiographique. Son livre, La miapazzia nelle carceri, sera publié en 1839 par Truchy, traduit l’année suivante en français sous le titre Ma folie dans les prisons. S’il n’est pas un best-seller comme Le mie prigioni de Silvio Pellico (Mes prisons), paru en 1832, l’ouvrage d’Angelo Frignani évoque son incarcération en prison, mais aussi son expérience de l’enfermement à l’asile. Le récit de Frignani s’achève sur le voyage du héros vers la Provence et évoque les premières étapes de son exil en France à la fin de la Restauration et au début de la monarchie de Juillet.

Cette carte retrace l’itinéraire de l’exilé Angelo Frignani, originaire des États pontificaux. En 1829, alors qu’il n’est pas encore concerné par une condamnation à mort ou par une proscription, Angelo Frignani conçoit son exil vers la France comme une fuite. Depuis Ravenne, il rejoint Forli, Castrocaro, puis la montagne de San Benedetto (San Benedetto in Alpe aujourd’hui) à dos de mulet. Il parvient à se faire passer pour le domestique d’un homme d’origine corse, qui lui-même se fait passer pour un notable. Son  compagnon de voyage lui permet ainsi de débarquer en Corse, puis de chercher à rejoindre la Provence. Dans son récit à caractère autobiographique, Angelo Frignani raconte la terrible tempête qu’il affronte durant ce voyage, véritable topos des récits d’exil au XIX^e siècle.
Après avoir réussi à rejoindre Marseille, où se pressent alors de nombreux autres exilés italiens, Angelo Frignani s’installe à Aix, puis arrive au dépôt de réfugiés italiens de Mâcon, en Saône-et-Loire, en 1832. À cette époque, le nombre de réfugiés étrangers secourus par le ministère français de l’Intérieur dépasse les 5 000 personnes. Au printemps 1832, toujours à Mâcon, dont le dépôt de réfugiés voit le passage de plus de 700 Italiens jusqu’en septembre de cette même année, Angelo Frignani épouse une Française. Malgré plusieurs déplacements et séjours à Paris et à Lyon, l’exilé passe la fin de son existence à Pierreclos, près de Mâcon, où il meurt en 1878. Dans Les Martyrs de la liberté (I Martiri della libertà italiana, 1872, 5^e éd.), Atto Vannucci consacre un chapitre à la figure d’Angelo Frignani, célèbre en raison de son récit autobiographique mais aussi du fait de son engagement dans l’équipe éditoriale du journal bilingue édité à Paris L’Esule – L’Exilé (1832-1834).

Angelo Frignani, Ma folie dans les prisons, Mémoires d’Angelo Frignani, Paris, Truchy, 1840.

Atto Vannucci, I martiri della libertà italiana, dal 1794 al 1848. Memorie raccolte da Atto Vannucci, Milan, E. Treves, 1872, 5^e édition.

Maria Luisa Belleli, Voci italiane da Parigi. L’Esule – L’Exilé, 1832-1834, introduction de Cristina Trinchero, Turin, Tirrenia Stampatori, 2002.