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Itinéraire collectif des réfugiés polonais dans l’Empire ottoman après la Révolution hongroise (1849)

Titre : Itinéraire collectif des réfugiés polonais dans l’Empire ottoman après la Révolution hongroise (1849)
Auteur de la notice : Katarzyna Papiez
Auteur de la carte : Hugo Vermeren
Date de publication de la notice : 13/04/2018
Les révolutions du Printemps des Peuples suscitent un volontariat armé transnational. Les Polonais prêtent leurs sabres au nom de la fraternité universelle. Plusieurs volontaires polonais se joignent à la révolution hongroise qui éclate en septembre 1848 contre l’Empire d’Autriche. Durant ce conflit militaire, différents partis polonais mènent des négociations avec Lajos Kossuth (1802-1894), leader de la révolution hongroise, dans le but de former des légions et, en cas de victoire, de poursuivre la guerre en Galicie. Kossuth, d’abord réticent à l’idée de donner le commandement aux généraux polonais puisqu’il ne veut pas éveiller l’opposition de la Russie, cède après les défaites que subit son armée. Il nomme Józef Wysocki (1809-1873), membre de la Société démocratique polonaise, major d’un régiment polonais et l’envoie, en novembre 1848, à Arad, aujourd’hui en Roumanie. Dès le début des affrontements, Kossuth place le général Józef Bem (1794-1850) à la tête de l’armée de Transylvanie. Enfin, Kossuth nomme temporairement Henryk Dembiński (1791-1864) commandant en chef de l’armée hongroise. Ce dernier est envoyé par le réseau de l’Hôtel Lambert, parti conservateur de l’émigration polonaise fondé par le prince Adam Jerzy Czartoryski à Paris, sur le champ de bataille en janvier 1849. Du fait de l’engagement militaire de la Russie qui vient en aide à l’Empire d’Autriche, la révolution hongroise est anéantie le 13 août 1849. Dès lors, les insurgés hongrois et polonais cherchent refuge dans l’Empire ottoman. La protection accordée par les autorités ottomanes conduit à une crise diplomatique entre la Sublime Porte, la Russie et l’Autriche, ainsi qu’à la mise en place des modalités de traitement de ces réfugiés, conformes aux termes des arrangements signés par la Sublime Porte avec la Russie et l’Autriche en décembre 1849.
Cette carte montre les déplacements des réfugiés polonais dans l’Empire ottoman après la défaite de la révolution hongroise. Durant la crise diplomatique entre l’Empire ottoman, la Russie et l’Autriche, les anciens volontaires hongrois et polonais sont assignés à résidence à Vidin, puis à Choumen, aujourd’hui en Bulgarie. Pour contrecarrer les demandes d’extradition formulées par les autorités russes et autrichiennes fondées sur le traité de Küçük Kaynarca (1774) et celui de Belgrade (1739), les hommes d’État ottomans proposent aux réfugiés la conversion à l’islam afin de devenir les sujets du sultan. Parmi environ 4 000 Hongrois et 1 000 Polonais, une vingtaine d’officiers polonais et 200 officiers hongrois acceptent le changement de religion. Les nouveaux convertis sont majoritairement enrôlés dans l’armée ottomane stationnant en Roumélie, en revanche les généraux comme Bem/Murad, Kmetty/Ismail ou Stein/Ferhad, qui ont été réclamés par l’Autriche et ou la Russie, sont internés à Alep. Après la résolution de la crise diplomatique en décembre 1849, les réfugiés hongrois et polonais se trouvant sur les listes autrichienne ou russe, sont soit internés à Kütahya, soit expulsés du territoire ottoman et envoyés en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. Les réfugiés assignés à résidence à Kütahya, tels que Lajos Kossuth, Kázmér Batthyány, Henryk Dembiński ou Józef Wysocki, n’obtiennent la permission de quitter l’Empire ottoman qu’entre mai et septembre 1851. Après la levée de l’internement, Kossuth se rend en Grande-Bretagne, puis aux États-Unis afin de poursuivre son combat.
Karpat Kemal H., « Kossuth in Turkey : the Impact of Hungarian Refugees in the Ottoman Empire 1849-1851 », dans Kemal H. Karpat, Studies on Ottoman and Political History. Selected Articles and Essays, Leiden-Boston-Köln, Brill, 2002, p. 169-184.
Lewak Adam, Dzieje emigracji polskiej w Turcji [L’histoire de l’émigration polonaise en Turquie], Warszawa, Gebethner et Wolff, 1935.
Nazır Bayram, Osmanlı’ya Sığınanlar. Macar ve Polonyalı Mülteciler [Ceux qui ont trouvé refuge chez les Ottomans. Les réfugiés hongrois et polonais], Istanbul, Yeditepe Yayınevi, 2006.