Appel à communications – Colloque final Asileurope, « Exil, genre et famille au XIXe siècle » (5-7 septembre 2019)

L’équipe du programme ANR AsileuropeXIX a le plaisir de diffuser l’appel à communications de son colloque final, intitulé « Exil, genre et famille au XIXe siècle ».

Colloque de clôture du programme ANR AsileuropeXIX

« Exil, genre et famille au XIXe siècle »

5, 6 et 7 septembre 2019, Reims

Appel à communications

 

Légende : « Por el emigrado. José Rodriguez Gil. Orléans 1876 », Musée Basque et de l’histoire de Bayonne.

 

Les exils qui ont ponctué le long XIXe siècle, objets d’un profond renouvellement historiographique au cours des dernières années, ont été analysés comme un phénomène d’ampleur mondiale, qui a conduit des centaines de milliers de personnes à quitter leur foyer et à construire de nouvelles formes d’action depuis l’étranger. Ces mobilités contraintes ont donné lieu à des recompositions politiques et sociales, aussi bien dans les espaces de départ, de passage que d’accueil. La construction culturelle de la figure de l’exilé, abondamment héroïsée, a figé l’image d’un homme en butte à un ordre politique, y résistant par la migration et l’expatriation. Si cette image masculine du proscrit est restée prédominante, tant dans les représentations communes attachées à l’exil au XIXe siècle que dans de nombreux travaux d’historien.ne.s sur ce phénomène, il n’en reste pas moins que la réalité de l’exil, envisagé à la fois comme départ et comme séjour parfois prolongé à l’étranger, a été bien plus complexe. Les hommes n’étaient pas seuls à partir sous la contrainte ; les femmes et enfants, longtemps restés dans l’ombre de ces mouvements de populations, suivant des itinéraires sinueux et transnationaux, en ont pourtant été parties prenantes.

Plusieurs questions mériteront d’être soulevées au cours de ce colloque international qui se propose d’interroger l’histoire de l’exil au prisme de l’histoire des femmes et de l’histoire de la famille, en recourant aux apports heuristiques du genre, de la génération et de la classe d’âge :

  • Comment l’exil au XIXesiècle peut-il être interprété non seulement comme une migration politique, mais aussi comme un phénomène qui a contribué à éclater les familles et à disséminer les membres d’un même foyer, éparpillées parfois sur toute la surface du globe ? Quelles ont été les réponses opposées par les acteurs à de telles situations (tentatives de « regroupement familial » avant la lettre, écriture de correspondances, transfert d’argent) ?

 

  • Dans quelle mesure le départ des exilés – qui étaient le plus souvent des hommes – a pu conduire les femmes restées au pays à assumer de nouvelles fonctions politiques, économiques et sociales ? Les femmes ainsi séparées de leurs pères, conjoints ou frères, ont eu la charge de veiller à l’éducation des enfants, de gérer les patrimoines familiaux ou encore de protéger ceux-ci du risque de la mise sous séquestre ou de la confiscation.

 

  • Le départ forcé pour causes politiques conduisait généralement des hommes célibataires à prendre le chemin de l’étranger, même si cette configuration doit être nuancée selon les époques et selon les contextes nationaux/impériaux dont il sera question dans le cadre du colloque. Des femmes ont aussi suivi leurs époux ou compagnons en exil, ce qui nous amènera à nous poser la question des rapports de couple en exil ; d’autres sont parties seules, se forgeant par cette expérience une autonomie nouvelle. Sans chercher à proposer une galerie d’héroïnes de l’exil, on tentera de partir sur la trace de femmes, jusqu’ici restées anonymes, qui ont été forcées de quitter leur patrie et de se réinventer à l’étranger. On s’interrogera sur les activités liées au soin (care) ou à une répartition sexuée des rôles dévolus aux femmes en exil : soin médical apporté aux exilés malades, confection de drapeaux, organisation d’activités de charité…

 

  • Les enfants forment une autre population souvent négligée dans l’étude des cohortes d’exilé.e.s qui ont parcouru l’Europe et le monde au XIXesiècle. Comment peut-on jeter un éclairage sur les mineurs qui ont accompagné leurs parents dans ce voyage parfois sans retour, ou qui sont nés et ont grandi à l’étranger, posant aux autorités des espaces d’accueil la question de leur devenir, invitant les exilés eux-mêmes à imaginer des institutions éducatives d’un genre nouveau ?

 

  • Il paraît intéressant d’examiner la façon dont le statut marital des femmes comme des hommes, ainsi que la présence ou non d’enfants accompagnant leur exil, ont affecté les modalités de leur accueil. La question se pose aussi bien du point de vue des normes que des pratiques administratives. En quoi la présence d’un.e conjoint.e et, éventuellement, d’enfants transformait-elle les parcours, les modalités et les destinations de l’exil ?

 

  • Dans le cadre d’une approche sociale de l’exil, on pourra aussi s’interroger sur les conséquences de ces exils familiaux, et donc collectifs, sur les trajectoires et les stratégies des actrices et acteurs, en particulier sur leurs activités en situation d’exil. L’exil en famille suppose-t-il un retrait des affaires politiques ? une installation à long terme dans le pays d’accueil ? des stratégies d’intégration spécifiques à la société d’accueil ?

 

L’arc chronologique couvrira l’ensemble du XIXe siècle, depuis l’émigration postrévolutionnaire jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. La question pourra être abordée à partir de la société de départ comme de celle d’arrivée ; une attention particulière sera portée aux propositions suivant des groupes allant de l’une à l’autre. Le programme AsileuropeXIX a jusqu’ici concentré ses travaux sur l’Europe mais les propositions concernant les espaces coloniaux et les autres continents seront particulièrement bienvenues.

 

Les propositions de communications (d’une longueur de 2 000 signes maximum, accompagnées d’une bio-bibliographie d’une page) seront envoyées à l’adresse mail asileurope@gmail.com pour le 15 janvier 2019. Elles pourront être rédigées en français ou en anglais. La réponse sera envoyée aux auteurs des propositions le 1er mars 2019. Les textes qui seront demandés par la suite pour la publication collective devront être rédigés ou traduits en français.

 

Comité d’organisation :

  • Delphine Diaz (Université de Reims Champagne-Ardenne)
  • Alexandre Dupont (Université de Strasbourg)
  • Antonin Durand (Institut Convergences Migrations-IHMC)
  • Hugo Vermeren (École française de Rome)

 

Comité scientifique :

  • Sylvie Aprile (Université Paris-Nanterre)
  • Fabrice Bensimon (Sorbonne Université)
  • Catherine Brice (Université Paris-Est Créteil)
  • Delphine Diaz (Université de Reims Champagne-Ardenne)
  • Alexandre Dupont (Université de Strasbourg)
  • Antonin Durand (Institut Convergences Migrations-IHMC)
  • Pilar González Bernaldo de Quirós (Université Paris Diderot)
  • Thomas C. Jones (University of Buckingham)
  • Manuela Martini (Université Lyon 2)
  • Florencia Peyrou (Universidad Autónoma de Madrid)
  • Janet Polasky (University of New Hampshire)
  • María Cruz Romeo Mateo (Universitat de València)
  • Philippe Rygiel (École normale supérieure de Lyon)
  • Caroline Shaw (Bates College)
  • Carlotta Sorba (Università di Padova)
  • Françoise Thébaud (Université d’Avignon, LabEx Écrire une histoire nouvelle de l’Europe)
  • Heléna Tóth (Universität Bamberg)
  • Hugo Vermeren (École française de Rome)

Pour télécharger l’appel à communications :

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